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Dure, la rentrée

_650k_113C’était tout nouveau pour moi. Lycée Diderot, Paris en classe de BTS mécanique automatisme. Des nouvelles têtes, de nouveaux profs. Il fallait tout changer de ses habitudes. Plus de trajet, plus d’heures de cours, moins de loisirs., moins de bécane. Les cours cependant plus intéressants. Beaucoup de méca théorique et pratique, du tournage, du fraisage, des maths appliqués aux calculs mécaniques.  Du ‘dessdus’ (dessin indus) ou on avait le droit d’écouter de la musique… géant, que des trucs qui m’intéressaient.
_650k_111Tout était différent, sauf moi, qui ne changeait pas. Toujours le mal de vivre, le mal-être. Le pourquoi avait deux causes : Plus d’amis et beaucoup de difficultés pour lier relations avec les gens. Et l’impression permanente de ne pas être à ma place, de ne pas mériter ce que j’avais : avec du recul, de la chance. J’avais beaucoup de mal de trouver des gens avec qui parler. Dominique L. fut l’un des premier avec qui j’ai lié amitié. Il était lui aussi motard et est venu me trouver et discuter. Il avait une suzuki mono custom je crois. Il venait parfois avec. C’est devenu un très bon amis que je côtoie encore à l’heure actuelle. Collectionneur de moto, il fait maintenant parti du club Gnome et Rohne. Un autre gars avec lequel je n’avais pas accroché au début, mais que j’avais sous estimé, car il est rapidement devenu un immense ami. Il a compté comme personne pour ce qui m’est arrivé de mieux à l’époque… J’y reviendrai.

Des trucs de fous

_650k_62J’arrive un matin, et devant le lycée, non… ma 50 zundapp. Impossible de se tromper.  J’avais fais tellement de pièces sur cette moto. Et un 50 a eau ne courait pas les rues à cette époque. J’étais content. Je l’avais vendu voilà plus de deux ans et elle était encore en très bonne état. Apparemment  bien entretenu. J’étais très heureux et très fier de la montrer à Dominique.
Il y avait souvent de belles bécanes à la sortie du lycée. A cette époque, il n’était pas rare de voir des motos entièrement repeintes avec décors originaux, flemmes, dessin romantique à l’aérographe genre David Amilton. Les années 70 et la culture Easy Rider, était encore bien présent dans les esprits._650k_711 Un matin une Kawa Z1 (1000) à attiré mon attention. Rien de très original au niveau de la déco, juste un filtre à air sur le coté et un échappement bizarre.  J’ai rapidement vu de quoi il s’agissait. Un Kit ATP d’Elite motors. Un magasin à Gagny, et qui importait des kit turbo américains. Ce kit issue des études d’un concepteur de dragster au sates, était importé en France pour équiper des Kawa exclusivement. Il permettait des modifications sur base de 650, et de 1000 de l’époque. La 1000 était réalisée sur base de Z1, et était connue aux Etats Unis sous la dénomination de Z1RTC.  Mais ces kits ont été montés sur d’autres modèles comme le 1300 Gaudier_Genoud bi_turbo, un peut plus tard.

Les motos turbo, une mode…(80-85)

Après renseignement, cette moto appartenait à un prof du lycée, C’était une réalisation personnelle. Il n’en était pas a son coup d’essai. J’ai trouvé rapidement le moyen de faire sa connaissance. En fait dans les élèves, très peux ne connaissaient quoi que ce soit à le mécanique. Il ne s’intéressaient que très rarement au fonctionnement des choses. Moi ce n’était pas le cas. J’avais déjà un peut étudié les machines turbo de l’époque. Il y en a eu 4  sur le marché à cette période. La 650XJ, avec le turbo sous le moteur près du bras oscillant. visait le marché GT et n’était pas très performante. La 750 GPZ Kawa avec le turbo devant de moteur, juste sous l’échappement. Une machine rouge et noire assez jolie, et avec un tempérament plutôt sportif. La CX 500 Honda, la plus performante, est rapidement passée en 650cc est celle qui, je crois a eu la plus longue vie  au catalogue. Et enfin il y a eu la Suzuki ER85, une 650 à l’allure discutable influencée par les Katana de l’époque (je l’avais même oubliée).

De gauche à droite Yamaha XJ650T, Honda CX500-650, Kawa 750, Suzuki ER854-jap-turbo1

Bref on a rapidement trouvé un terrain fertile à la discussion, et on a pu échanger nos idées sur la question. Je dois bien avouer qu’il en savait plus que moi sur le sujet. C’était sa troisième réalisation, qui marchait visiblement très fort.
Il m’a proposé des pièces d’occasion si j’étais intéressé. Le prix était assez élevé pour un étudiant comme moi à l’époque, mais je me suis dis que c’était l’occasion de me faire une expérience dans un domaine de rêve. J’avais imaginé utiliser un turbo Garett (anglais) monté sur des auto Peugeot 604. Ces turbo intégraient la régulation de pression d’admission et me semblaient avoir la taille adéquate. Une machine proto, présentée au salon de la moto, me faisait rêver à l’époque : la Futuro de BMW.

futuro-bmw1C’était vraiment un proto, pas fonctionnel du tout, mais d’un look vraiment futuriste. Un bon vieux flat twin avec un turbo allemand KKK. Ça aurait pu faire quelque chose d’extra! Une idée de réalisation…

Le kit ATP Elite Motors

_650k_92J’ai donc acheté son kit Elite Motors. Il s’agissait d’un turbo qui avait déjà tourné sur un 900 Kawa. Le kit était constitué d’un turbo Américan Turbo Pack (ATP), un collecteur d’admission en alu dont l’écartement des conduits correspondaient avec la culasse du 650 par chance, mais pas les fixations. Une pipe d’échappement en tôle soudée, en mauvais état et qui ne se montait pas sur le 650. Un vague tube monté en sortie de turbo,  faisait office d’échappement. Il y avait aussi un régulateur séparé (wastegate), et un système spartiate d’injection d’eau. Ce Kit étant à l’origine destiné à équiper des dragsters._650k_81a Le kit vendu par la boîte de Gagny comprenait en plus des pistons qui passaient la cylindrée à 725 cc. Des pistons spéciaux étaient nécessaires pour rabaisser le taux de compression. Ce pour permettre de compenser l’augmentation du volume de mélange entrée  dans les cylindres pour une pression de turbo donnée. (conservation du rapport volumique) En fait cet ensemble était obtenu à partir de pièces d’origines. Par ré-alésage des cylindres et usinage des pistons. Ils étaient ensuite traitées en surface par une nitruration. J’ai donc fait usiner mon bloc cylindre et acheté des pistons neufs que j’ai fait modifier par Elite Motors.

L’école : 2eme année

J’étais pas très bien dans ce lycée, mais il faut avouer avec du recul qu’il y a eu de bon moments.  Mon pote Dominique raconterait l’histoire du bonnet bleu à la cantine… un grand classique. Mais moi je préfère me rappeler les cours de méca avec un prof barge qui gueulait tout le temps, et faisait des vannes corrosives à l’encontre de quelques têtes de turc…. De notre prof d’anglais qui se déguisait en clochard, et nous racontait de tas d’histoires de fou bien difficiles à croire._650k_112
Le midi je m’occupais d’un club de modélisme avec des copains du « traitement thermique ». J’avais aussi des accords avec certains profs d’atelier qui  me laissaient littéralement les clés, trop content de voir quelqu’un vraiment intéressé par la matière enseigné! J’ai pu par là usiner pas mal de pièces pour ma 650.
En 2éme année, on se sentait un peut plus pris au sérieux, ça c’était cool.

Tout une époque

_650k_101Après la semaine de boulot, il y avait un rendez-vous que l’on essayait de ne pas rater. Le vendredi soir se déroulait en deux parties. Après être passé chercher mes potes à Chelles, on avait rendez-vous Place de la Bastille ou l’on retrouvait d’autres potes : Dominique et parfois Bernard. Respectivement 500CX custom (Honda)  Et 650 BMW. J’y retrouvais parfois même mon père aussi qui trainait avec sa 350 Tobec. La bastille, c’était tout une époque. La place se remplissait a partir de 20H, et a 22, était noir de bécane. Au centre sur la place, les mecs venaient vendre des pièces. Un vrai marché au puces hebdomadaire. C’était impec pour bricoler. On trouvait  tout. Il paraît même qu’on pouvait passer commande pour la semaine d’après… Il faut dire que certain retrouvait parfois des pièces de la moto qu’il s’était fait voler la semaine précédente…  Il ne restait plus, autour de la place vers 10H, qu’une seule voie pour circuler autour de la place! C’était une super ambiance, de fête, frites et merguez. Tout le monde parlait à tout le monde, sans barrières.
Puis le retour passait obligatoirement par l’esplanade du château Vincène. Là, c’était tout autre chose. Courses sauvages, stunt, et 100m départ arrêté. Tout ça bien évidemment en sauvage. La place était envahie de motos et de voitures customisées. Et toujours des belles bécanes… un régal cette époque. Puis on rentrait bien souvent vers une ou deux heures, en essayant de ne pas trop faire les cons, des images plein la tête.

Quelques mois de travail et les 1er tours de roues

La première chose à faire était de démonter.  J’avais retrouvé un bloc cylindre d’occasion  que j’avais apporté à réaléser chez Elite Motors pour y monter les pistons basse compression. Il y avait pas mal de pièces à refaire. A commencer par la tubulure d’échappement. Le collecteur d’admission nécessitait aussi une pièce d’adaptation.  _650k_91Pour l’échappement, je n’avait pas le moyen pour cintrer des tubes. Donc  j’ai opté pour une solution soudée à base de coudes Valourec. Ces coudes sont utilisés pour faire des installations de chauffage centrale. Avec une section importante, ils sont très faciles à souder à l’arc. Bref, toute la difficulté à été de trouver les bons angles. La forme que j lui ai donné, je l’ai imaginé plus d’un point de vu esthétique que vraiment fonctionnel. En effet il aurait fallu garder des longueurs identiques pour les tubulures de chaque cylindres. Mais vu la place  c’était plutôt difficile. Et il  fallait optimiser le nombre de coudes et de soudures. En bas du collecteur j’ai fait une bride à trois points de serrage, à l’avant du moteur pour permettre un démontage facile._650k_72 J’ai monté le régulateur de pression du turbo (compresseur), sur la partie entre cette bride et le turbo. J’ai fais polir et chromer l’ensemble, après avoir arasé chaque soudure à la main. Une belle pièce en final avec une trentaine d’heures de travail. Pour l’admission j’ai du fraiser les conduits moulées sur la culasse pour les raccourcir. Et ainsi gagner de la place derrière le moteur. Cela m’a permis de loger le turbo et le colleteur dans le cadre. J’ai ensuite usiné une plaque d’alu d’interface pour adapter les fixations moteur / collecteur.  La plaque étant vissée avec des des tes fraisées sur la culasse, et le collecteur avec des CHC sur celle-ci. Cette  pipe était percée de par en par. J’ai créé une circulation d’eau dans cette pipe pour la refroidir. Un petit radiateur était _650k_82placé sous le moteur, dans le « rost » . (prise d’air sous le moteur.) J’ai réalisé cette pièce en résine plus fibre de verre sur un moule en contre plaqué. Une pompe électrique assurait la circulation. Coté lubrification, la circulation était reprise sur le coté du moteur -en bas- sur le graissage de la distribution. Après refroidissement grâce un petit radiateur à l’avant (radiateur de 2CV), direction le turbo pour graissage des paliers. Le retour d’huile se fait par gravité vers le carter d’embrayage.La carburation, j’ai d’abord commencé mes essais avec un gros Mikuni (32) qui m’avait été vendu avec le kit. Et je suis vite passé avec un carburateur anglais a dépression de Jaguar, plus facile à régler empiriquement.J’ai  aussi réalisé quelques gadgets électroniques dont un allumage électronique qui n’a pas été un succès.Autres modifications de la partie cycle : A l’avant, j’ai usiné des rallonges de tube de fourche permettant de modifier légèrement l’angle de chasse, et permettre de régler la fourche en dureté, grâce a de l’air comprimé.  A l’arrière j’ai modifié le bras oscillant en soudant un U en dessous sur toute sa longueur, plus une entretoise. Luis donnant un profile semi-carré. J’ai incliné aussi la fixation des amortisseurs a gaz Marzochi.Un guidon type cintre plat et un phare Bi-iode renforçait encore le look. Le résultat était sympa. Une centaine de chevaux et un look unique (pour l’époque)

Une belle aventure

_650k_61Avec du recul, c’était une belle époque et voilà pourquoi : Mon Ami Bernard, a qui je doit tant !jim_steinman
Un jour ou j’étais venu avec ma 650 toute fraiche de son 2eme lifting, Bernard m’attendait, a la sortie avec sa sœur, Françoise. Et en quelque mots, quelque gestes j’ai de suite aimé cette personne. Elle avait quelque chose dans le regard de grand qui en disait long sur son caractère. Sa voix, ces expressions, ses intonations, tout était original. J’ en ai d’ailleurs rêvé la nuit qui a suivie, et puis la suivante, comme pour toutes les toutes premières fois qui ont marqués ma vie à cette époque; Nathalie, Patricia, la première fois que je suis monté à cheval. Comme pour ces évènements, je me repassais les belles images que je m’étais faites d’elle, son doux visage, sa voix fluette, et ses intonations si particulières. Bref, tombé  raide dingue! Mon Ami Bernard l’a vite compris, et au lieu d’éteindre, de jouer les pompiers, il a transmis mes premières missives amoureuses, puis les suivantes. Je me rappellerai toujours, sa première lettre, si délicieuse; sucrée… Je l’ai re-lu des centaines de fois.  Après quelques échanges, on a ainsi vite appris à se connaître. Et tout était beau en elle, pure, simple, généreux.  Notre attirance mutuelle a bien vite convergé, comme notre passion inexplorée pour les chevaux.  Nous avions tout à découvrir.

L’Alsace

faon83_reichschoffenLes Vacances ! Ouf un bon moyen de s’évader et de rouler un peu avec mon nouvel engin et d’en expérimenter un peut la fiabilité.  Tout c’est super bien passé, le monstre ronronnait à merveille. Il faisait beau ,et l’Alsace est tellement jolie sous le soleil. Je suis passé à Reichshoffen ou j’ai fais connaissance de la grand mère de Françoise,ainsi que des oncles et tantes, et un peu plus de ses parents. On a passé un moment fantastique autour d’une choucroute mémorable! Ces gens ont été admirables, et mon laissé par leur chaleur, un souvenir éternel.

Brienne-le-Château

Les vacances étaient finies. Ma 650 avait passé l’épreuve, tout marchait à merveille. Un vrai plaisir de la conduire. Mon Ami Bernard et moi avions prévu  de nous rendre au dragster festival de Brienne-le-Château . Un vieux rêve, et de plus dans l’air du temps. Après que j’eus fait plus ample connaissance de ses parents, notamment pendant ces vacances, Bernard,  et Françoise avaient fait des pieds et des mains pour obtenir les autorisations nécessaires à cette sortie.  Ce qui fut fait. Mous étions partis pour deux jours. Et nous n’avons pas été déçus. La fête fut à la hauteur. Un des plus beaux souvenirs. Des machines fantastiques aux sonorités incroyables. Tout une ambiance. Et puis nous deux… pour la première fois. Ce fut beau. Des flammes embrasaient la piste dans un raffut infernal, mais pas avec autant d’intensité ce celles de notre amour qui faisaient battre nos cœurs ce soir là. Unis par la main, ce soir là fut un des plus beau._650k_102

Voyage dans les alpes

Des soirs, il y en a eu d’autres. Des aventures, tous les moyens étaient bons pour se retrouver. Et la fidèle 650 toujours du voyage. Des sorties, des balades aussi. Des après midi chez ses parents, ou chez moi. Au printemps j’étais invité à la rejoindre dans les alpes pour y passer une semaine. Ses parents avaient loué un chalet au pied du Mont Blanc, près de Chamonix. Ma fidèle machine avait fait là encore, le voyage sans se faire remarquer. Enfin par ces défauts, car pour ce qui était de la vue, ce n’était pas le cas. J’avais souvent affaire à des curieux dès que je m’arrêtais. Ces vacances furent nature, tout comme nous deux à l’époque. Activité simples pour un bonheur simple. De la marche et de magnifiques et inoubliables balades parmi glacier et animaux. De bons et heureux moments.

Mes chevaux

faon86_meauxDes chevaux ma kawa en avait plein à revendre. Ceux-la je les maitrisais. Françoise elle les aimait bien aussi… mais ce qu’elle attendait de moi, c’était que je lui offre d’authentique cavalcades. Du rêve au galop dans les plaines, le long des rivières, sur les plages de sable blanc. J’en  rêvais aussi, moins fort peut-être, ou différemment, perché sur mon petit nuage. Aveuglé par ce bonheur, cette passion incandescente, il me semblait que le temps m’appartenait. Apprendre à monter, me semblait être un projet à long terme. L’amour des chevaux, le fil conducteur de ma vie, lui était bien là.
J’avais raison, d’ailleurs de penser cela, preuve en est,  25 ans plus tard je monte toujours. L’expérience montre qu’au contact des chevaux, on apprend toute sa vie. Elle aussi l’avait compris, et ne pouvait, ni ne voulait plus attendre. J’aurais dû le voir, idiot que j’étais. J’aurais dû tout vendre mes chevaux, mes rêves, mon âme, pour lui en offrir un … Un rêve, son rêve.

La fin de l’histoire

Cinq ans s’étaient  écoulés, depuis le début de notre aventure. On avait fait un bout de chemin ensemble, quelques heures partagées, dans une harmonie des plus complète. Et un soir d’aout, tout c’est arrêté. Nos routes se sont séparées, nous avons pris nos distances. J’étais triste, mais il fallait une fin. Depuis, nous ne nous sommes que très rarement revu…ma kawa et moi.

frontLa musique pas terrible… mais une belle image !