Préambule :
Comme je l’avais évoqué dans le précédent article concernant le Solex 2200, il y a une quinzaine d’années, j’ai récupéré un lot de ferrailles. Un solex et trois Motobécanes. Une LT1, une AV44 et une AU42. En fait j’aurai dû dire deux Motobécanes et une Motoconfort. En effet ces cyclos sortaient de la même usine de Pantin dans le 93, mais leur désignation était différente. AVxx pour Motobécane et AU pour Motoconfort.
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![]() La marque légendaire ! |
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La Famille des mobylettes AV 41 à 48 (ou AU) correspond à une évolution importante, des modèles précédents AV3 (31, 32 etc) au début des années 60. Principalement liée à des contraintes de rationalisations industrielles, les cadres de ces mobylettes ont évoluées du simple cadre de vélo en tubes brasés, à des cadres majoritairement en tôle emboutie soudé électriquement par galets-pinceurs (partie poutre avant du cadre, et réservoir) Quelques brasures subsistent, mais le temps et le coût de fabrication de ces cadres en est fortement réduit.
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Les
Petits Moteurs |
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Les AV42, modèles simples sans amortisseur, utilisent une fourche de vélo et des freins à patins à l’avant. Le frein arrière est un contitué d’un petit tambour. Moteur 1,5CV embrayage centrifuge, sans variateur.
Le modèle AV44 reprend la majorité des pièces de l’AV42, avec en plus des suspensions à l’avant grâce à une petite fourche télescopique. Elle est en plus équipée d’un petit frein à tambour à l’avant.
Sur l’AV44 le réservoir d’essence est un peut plus volumineux et entoure le tube de selle.
Ce modèle d’AV44 est encore équipé d’un petit phare rond, commun avec certaines AV33. Ce modèle de phare à rapidement été remplacé sur l’AV44 par le petit phare rectangulaire qui équipera par la suite grand nombre de Mobylettes. Phare permettant d’intégrer un petit compteur.
L’AV48 reprend tout ou presque de l’AV44 avec en plus un Variateur de vitesse centrifuge. On différencie au premier coup d’œil une AV48, par sa couronne arrière de grand diamètre. (48 dents contre 44 dents sur AV44)
Anecdote de jeunesse : la fourche télescopique !
J’ai beaucoup bricolé (démonté!) des mobylettes et des solex quand j’étais petit. (dès l’age de 8 ans)
Le VTT n’existait pas encore en France dans les années 70. Adepte de cross avec des copains, la solution la plus efficace que nous avions trouvé pour créer un vélo solide et permettant le tout terrain, état de monter une fourche AV44 ou AV33 sur un cadre de Solex, en ayant pris soin de retirer les garde-boues. Léger, robuste, de gros pneus, et une forte démultiplication du pédalier, permettait de monter et descendre bien des reliefs contrariés ! Les acrobaties étaient même de rigueur, saut de tremplins, roues arrières… Nous étions les champions du rodéo champêtre ! (LOL)
Pour ma part mon record sur cet engin était la traversée d’un terrain de foot sur la roue arrière…
Ça m’a donc fait très plaisir quand un ami et moi avons décidé de nous lancer dans cette aventure de restauration de ces 2 machines. Des « mobs souvenirs » que je démonterai presque les yeux fermés.
Alors on attaque :
Les bases de nos AV44 et AU42 correspondent à des mobs sorties d’un poulailler dans les années 90, en mauvais état, puis stockées dans un grenier pendant près de 30 ans… C’est rouillé, très rouillé, mais complet. Le moteur de la 44 est bloqué (la mienne), et pas celui de la 42 (celle de mon ami).
Mous avons décidé de mettre en commun ces deux restaurations pour mutualiser toutes les grandes étapes. Le démontage, décapage, sablage, apprêtage, peinturlurage, et accessoirement remontage.
Démontage :
Rien de bien sorcier, le tout étant de garder le maximum de pièces d’origine, bien repérer la visserie, ne rien casser, et trier les pièces irrécupérables. Les roues en fond partie, jantes pourries, rayons cassés, seul les moyeux seront récupérés. Tous les éléments chromés son trop attaqués pour être réutilisés (guidon, manivelles pédalier). Heureusement il y a peu de pièces concernées. Le chromage est quasi impossible à réaliser de nos jours, à des prix entrant dans le budget de restauration d’une mob. On retrouvera des pièces d’occasions, ou neuves sans grand problème.
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Démontage Chacun la sienne. |
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Moteurs :
Ces mobs étaient des utilitaires, pour Madame (AU42) et pour Monsieur (AV44), et on constate que la 42 à moins roulée. (Elle est aussi plus récente de deux ans). L’AV 44 est plus usée que la 42. Monsieur devait aller travailler avec sa mobylette tous les jours et n’avait probablement pas de voiture. Ces mobs sont très crasseuses. Elles ont rarement vu le chiffon.
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Motocrade!
Probablement jamais vu |
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Le démontage des moteurs n’a pas posé de problème. Même le mien qui paraissait bloqué ne l’était qu’au niveau du piston, arrêté dans une position peu favorable, il n’a pas été long à sortir. Les roulement de bas moteur tournent sans bruit, seule la cage à aiguilles du piston sera changée. Le plus long fût en fait de gratter toute cette crasse, avant un bon sablage.
Allumage : Bobine HT H.S. sur AU42 et vis platinées à reprendre, mais le reste est en bon état. (mesures bobines et condensateurs)
Les volants magnétiques seront nettoyés et conservés. Leur aspect est resté beau. On espère pour la partie magnétique… ces volants ont tendance à se démagnétiser avec le temps.
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Embrayage : à nettoyer, et partie externe à changer pour apparence. (Chrome)
- Nettoyage de toutes les pièces des moteurs,
- Sablage des cylindres et culasses, pattes et pots.
- Peinture des pattes moteur, pots
- Nettoyage des pistons et gorges de segments
- Déglassage cylindres.
- Refabrication des joints.
- Remontage des moteurs.
- Remontage et réglage de l’allumage (2,5mm d’avance)
- Remontage embrayage.
- Révision des carburateurs.
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Révision des carburateurs
Nettoyage et |
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Déjà une bonne chose de faite : ces moteurs ne sont pas compliqués et globalement increvables. Un truc remarquable, pas de joints spi en plastique sur le bas moteur. Donc pas de soucis ! (on pourrait même les faire marcher à l’éthanol je pense, en ajoutant 30 % au diamètre du gicleur…)
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Décapage / sablage :
Le décapage thermique est le plus efficace pour mettre un cadre à nu. Mon expérience me l’a démontré. Un chalumeau à gaz de couvreur au propane (ou un bleuet, moins économique) permet de chauffer la peinture et de la décoller avec une brosse métallique fine et douce (laiton) sans effort. Le tout est de ne pas chauffer excessivement.
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Il faut faire ça dans un endroit bien ventilé, mettre des gants, et surtout ne pas trop chauffer. Cette technique a plusieurs avantages : Rapidité, dérouille en grande partie, et dégraisse.
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Décapage et peinture. (à la bombe) |
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Un petit sablage suffit ensuite, en se concentrant sur les parties les plus rouillées. (Ce qui fait gagner pas mal de temps et d’énergie.)
Peinture :
Apprêt phosphatant et une ou 2 couches de peinture bi-composants à brillant direct.
Problème : trouver cette teinte Beige-jaune. Des grands noms de la restauration vendent cette couleur, en bombe ou pot. Facile à trouver du coup, mais le le hic : trop cher ! Compter 100 à 150 € pour une mob. Hors apprêt phosphatant.
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Je suis comme beaucoup habitué à mes produits que j’achète depuis quelques années sur internet.
- Apprêt phosphatant pour 2 mobs + le Solex (1Kg) + diluant.
- Peinture beige avec durcisseur 1Kg (pour 2 mobs) et diluant.
100€ environ / 2 soit environ 50€ par mob ! Ça change tout… Le problème c’est que mon vendeur de peinture ne connaît pas cette teinte. (peinture voiture ou peinture moto .fr) On peut leur commander une référence auto, moto, ou toute teinte RAL ou PENTONE. Rien trouvé dans le nuancier RAL, par contre il y a une teinte qui correspond en Pentone. La ref xxxxx celle que j’ai commandée. Le résultat est pour moi très proche.
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Le beau temps est avec nous cette année, la peinture à été torchée en quelques jours pour les 3 mobs. (le solex à été peint en parallèle)
Voilà, le plus dur est fait, reste le plus agréable et satisfaisant : le remontage !
Les roues :
Comme pour le Solex, rayonnage de nouvelles jantes sur le moyeux d’origine. L’ordre de montage des rayons à été recopié à l’identique à partir des photos et des notes papier.
Deux pièges à éviter pour le rayonnage : sur les moyeux à tambours, il faut penser à équiper le moyeu de tous ses rayons. Car on ne peux pas monter le 2eme coté en ayant déjà monté un coté. Il faut dans ce cas redémonter le premier…
Autre piège sur le moyeux Arrière : Je conseille de commencer le rayonnage coté couronne. En évitant de faire croiser les rayons au dessus des trous de fixation de la couronne… Si on commence par l’autre coté, on a une chance sur deux pour croiser au dessus des fixations.
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Le rayonnage se fait en 4 phases :
- 1ere passe : on positionne tous les rayons et en engageant l’écrou du rayon de quelques filets.
- 2eme passe : on fait un repère 0 sur la jante en face d’un rayon. On dévisse l’écrou et on le revisse en comptant 10 tours. On répète sur tous les rayons. (1 tour de roue)
- 3eme passe environ 5trs de plus sur tous les rayons comme précédemment.
- 4eme passe : Si il y à encore beaucoup de mou sur les rayons, répéter l’opération 3 avec 3trs jusquà une tension correcte.
On obtient comme ça une symétrie et un réglage approché.
Nous avons utilisé pour finaliser le réglage des rayons (voile et faux rond), la fourche de l’AU42 et un des cadre pour les roues à tambour.
Pour ce réglage il faut un peu de logique et de feelling mécanique : il faut desserrer quelques rayons coté défaut, et reserrer quelques uns en opposition. Ce pour compenser le défaut. Il faut de la patience, et veiller à ne jamais trop tendre…
Contrôler enfin l’homogénéité des tensions des rayons à l’oreille ou en les pinçant 2 a 2.
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Ces jantes achetées chez VSX ne sont pas données, et ne sont pas non plus de qualité exceptionnelle. Un plat comme souvent au raccord à la soudure ne peut pas être compensé par le réglage des rayons. Mais le montage des pneus gomme partiellement ce défaut.
Sur ces mobs à l’origine, les pneus sont des 26 x 2’’. Après vérification nous avons choisi de monter des 2’’1/4, plus faciles à trouver en flancs blancs et plus confortables ,vu le manque de suspension de ces machines.
La selle :
Seule les selles ont été refaites par un sellier. A la perfection et bien mieux qu’on aurait pu le faire avec un couvre selle adaptable. Fait main avec en plus remise en place ces petites plaques rivetées à l’arrière. Pour 50€ Résultat Parfait.
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Selle restaurée par un pro. L’écusson |
Réfection de la poignée magique :
La poignée d’accélérateur des Mobylettes m’a toujours amusé. C’est une petite mécanique astucieuse et très bien conçue. Tout le monde connait, on tourne en avant, et ça active le décompresseur. On tourne dans le sens “essorage” et ça commande l’accélérateur! C’est magique!
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Ce petit mécanisme est constitué de la poignée tournante et de 2 petites pièces coulissantes en alu. Ces pièces sont en miettes se sur la mienne. Je me suis amusé à refaire ces pièces en ajustage, à la scie et avec ma plus belle lime. En m’inspirant des pièces de l’autre mob. Après finitions, perçage et taraudage pour le passage et réglage des cables. Résultat concluant.
Les tiges supports de garde-boue :
Les notres étaient trop rouillées pour être réutilisées. Vendues neuves dans le commerce chères et en acier chromé… bof, pas glop. Nous avons acheté des tiges inox de 5mm que j’ai formé sur un gabari en bois que j’ai réalisé. Résultat très satisfaisant et pas clinquant, ce qui est un plus.
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Tiges Support des Garde -boues. ( INOX |
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Quelques remarques techniques :
La visserie de 5mm est essentiellement utilisée pour la majorité des assemblages sur le cadre. Quelques taraudages existent sur le cadre notamment pour la fixation des carters moteur. Le pas de ces vis de 5 sont passées dans les années 60 de 0,75 à 0,8. Norme ISO. On ne trouve plus ces anciens pas. J’ai repris ces filetages avec des tarauds actuels pour permettre l’adaptation de visserie moderne.
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Autre problème : la fixation des écussons « Mobylette » sur le cadre était réalisé avec des rivets alu genre rivet pop, de diamètre 2mm. N’ayant rien trouvé dans le commerce, j’ai adopté comme solution de tarauder les perçages existants à 2,5mm. Il faut dans ce cas agrandir un peu les trous des écussons pour pouvoir utiliser des vis de 2,5mm.
Renontage :
Les deux machines ont été restaurées en parallèle. Mis à part les opérations communes (peinture, sablage…) Moi sur mon AV44 et mon ami Dominique sur son AU42, avons travaillés chacun sur mos pèces respectives. Les commandes de matériels se sont faites groupées. Ce qui a assuré une rapidité sur l’ensembles des taches. Nous avons eu quelques ratés commes des coulantes sur un garde-boues, quelques manques de peinture et des petits défauts qui on été repris. Mais globalement, cette restauration s’est plutot bien passé et rapidement.
Il faut dire que ces mobilettes sont très abouties. On comprend le succès qu’elles ont pu avoir. Simples, peu de pièces, bien concues et donc fiables et économiques. Motobécane ne se moquaient pas de ces clients. Un détail qui ne trompe pas : le cadre était apprêté pour garantir une protection durable! Peu de motos on bénéficiés de ce traitement de faveur, même encore à l’heure actuelle.
La Motoconfort AU42
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La Motobécane AV44
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Les soeurettes :
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Conclusion :
Avant-après pour le plaisir :
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Ah…
ça |
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Le résultat est sympa pour un budget de 350€ à peine dépassé… et environ 2 mois de travail.
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